Noie sa solitude ....

C'était le crépuscule, dehors. Mais ça, il s'en fichait. A l'intérieur, il faisait sombre. Les premiers clients commençaient à arriver. C'était un bar dans lequel on venait pour se saouler, pour s'amuser, pour oublier... Pour se battre à la sortie, aussi. Mais Haruhi n'était pas venu pour ça. Il était là seulement pour boire, boire encore et oublier. Il était là depuis quelques heures maintenant, et l'alcool commençait à lui monter à la tête... Oui, l'alcool. Il était trop jeune, mais il avait l'air vieux. Alors il s'enfilait des verres, encore et toujours. Le jeune homme était arrivé ici en début d'après-midi. Il avait déposé ses affaires dans sa nouvelle chambre, sans même essayer de savoir si quelqu'un d'autre s'y était déjà installé. Ensuite il était ressorti du pensionnat, en quête d'un endroit où oublier sa peine. Et il avait trouvé ce bar.

Ca faisait un mois qu'il avait eu 17 ans. C'était le jour de ses 17 ans qu'on lui avait annoncé qu'il irait prochainement sur cette île.
Ca faisait 10 mois qu'IL était mort. Haru se prit la tête dans les mains à l'évocation de ce douloureux souvenir. Son verre vacilla et tomba, déversant le reste d'alcool qu'il contenait. Mort ... Et le jeune homme n'avait rien fait. Il s'était enfuit, comme lui avait ordonné son mentor. Il était parti, au lieu de l'aider. Et maintenant, il était mort. Haru n'en avait pas la preuve, mais ça ne pouvait en être autrement. Comment aurait-il pu s'en sortir ? Comment ?

Le garçon avait juste voulu un signe. Mais maintenant qu'il était ici, ça ne serait jamais possible. Si il était vivant, il ne le reverrait jamais. Si il était mort, il ne se reccueillerait jamais sur sa tombe. Il n'aurait pas de tombe, il n'était plus personne.

10 mois, et Haru semblait ne jamais pouvoir s'en remettre.

La porte s'ouvrit, il n'y fit pas attention. Il ne s'en rendit même pas compte. Seule la voix de stentor du patron le tira de ses songes, lui rappela où il était.
Le verre avait été relevé, le comptoir nettoyé.

L'agitation qu'il y avait dans le reste de la ville fatiguée Tsukiyo, qui espérait trouver un peu de repos dans un bar tranquille. Son regard se posa sur un pub peut éclairé à l'intérieur, la jeune fille sut tout de suite que ce serait ce bar qui aurait la meilleure ambience pour elle. Elle entra dans cet endroit, à cette heure-ci, il était normal que peut de clients soient présent, et c'était tant mieux. La plupart des personnes qui étaient dans le bar étaient soit ivres, soit affalées sur leur table, ou bien rigolaient avec leurs amis. Selon leur visage, Tsukiyo conclut alors qu'il n'y avait aucun élève ici, ce qui la rassura, il ne manquerait plus que d'avoir des espèces de guignoles adolescents. Le pensionnat maintenant loin derrière elle, la jeune fille se dit que prendre un bon verre d'alcool lui fairait le plus grand bien, ça l'aidait à se relaxer et à mieux faire le point de ce qui lui arrivait.

Depuis plusieurs jours, Tsukiyo était arrivée dans cette île. Pourtant sa vie était toujours aussi ennuyante, et cet endroit paradisiaque alors ? C'est bien ce qu'elle pensait, un mensonge, encore inventé par un richoux qui voulait se faire encore plus de fric. Son vrai paradis à elle, ce serait en endroit sans règle, une espèce d'anarchie, là où les élèves modèles perdraient rapidement la tête.
Tsukiyo prit place au bar, et commanda de l'alcool fort, peut importe la boisson, tequila, whiskey, elle aimait tout. Le barman la regarda avec un drôle d'air, Tsukiyo le sentait. Elle releva la tête.

- J'ai 18 ans, ajouta-t-elle.

L'homme ne semblait pas convaincu, la jeune rebelle lui passa le remix avec un ton sec et un regard de plus noirs.

- Vous n'me croyez pas ?

A ces mots-là, un petit verre à l'odeur forte se trouvait devant Tsukiyo, elle souria et porta le verre à ses lèvres, et, au moment où elle allait boire une petite gorgée, elle aperçut à côté d'elle une adolescent, dont le visage portait une drôle d'expression. Tsukiyo souria d'un air narquois.

- Tu sais, si tu ne supportes pas l'alcool, faut mieux éviter d'en prendre un verre...

Haru leva légèrement la tête. On lui parlait ? Il observa la jeune fille. Elle disait avoir 18 ans, elle ne les faisait pas. Elle donnait l'impression d'être plus jeune, mais pas tant que ça. En fait, si elle n'avait rien dit, le jeune homme n'aurait jamais su quel âge lui donné. Et de toute façon, il n'aurait même pas essayé. Si elle était allée s'installer à une table, ou même au comptoir, mais plus loin, si elle ne lui avait pas parlé ... Son attention ne se serait jamais porté sur elle. L'indifférence était tout ce qu'Haru était encore capable de ressentir pour quelqu'un. Il n'aimait personne, personne ne l'aimait, il ne s'attachait à rien, ne pouvait en être arraché. Et ça lui convenait très bien, puisqu'il avait pris cette décision de lui même. Plus de gang, plus d'amis, plus d'amour. Plus rien. Une vie terne et sans agitation, une vie qui ne vallait pas la peine d'être vécue. Sauf qu'Il avait voulu qu'il vive. Il avait donné un sens à la vie de Haru, et l'avait repris en mourant... Mais était-il vraiment mort ? Ca ne faisait aucun doute pour le jeune homme. Ca n'était pas forcément fondé.
Mais mort ou pas, il ne pourrait jamais le retrouver, et ça c'était un fait.

Revenons-en à notre bar. Haru se redressa, prêt à partir. Faire la conversation n'était pas une chose qui lui plaisait. Il n'avait jamais rien à dire. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à partir sans l'avoir démenti. Un reste de sa fierté ridicule de riche.

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Sa manière de parler .... Il avait été éduqué comme ça, et elle avait parfois fait l'objet de railleries. Pourtant, il ne souhaitait pas abandonner ce niveau de langue. Et là, ça n'était pas grand chose. Bon, sa phrase était peut être dénué de sens… N’empêche qu’elle était belle, et qu’elle sonnait bien.
Haru revint sur sa décision. Finalement, il allait rester encore un peu. Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Il suffirait de l’ignorer, si elle continuait à parler. Il n’était pas d’humeur, il n’était plus jamais d’humeur. Et si il n’avait rien à dire… C’était car il n’avait aucune envie, de dire quelque chose. Rien ne lui semblait beau. A ses yeux, tout ressemblait à une perte de temps, et rien n’avait le goût exquis de son amant, arraché à son cœur par un idiot. Plus rien ne serait jamais comme avant.