Atarashii Inochi

Kaguya était là, allongée dans sa cage, l'une des seules derrière le comptoir, recroquevillée sur elle-même, ses jambes collées à son visage, ses longs cheveux d'un blanc neige traînant derrière elle, serrant de toutes ses forces le pendentif que lui avait remis Kurusu, son dernier souvenir de lui, la chose qui comptait, pour elle, le plus au monde.
Elle se demandait vraiment pourquoi elle était encore en vie. Après tout ce qu'on lui a fait subir, pourquoi son corps avait-il résisté. Déjà une semaine qu'elle était morte de froid, morte de faim. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps.
Elle s'était souvent faite disputer par le gérant, qui lui répétait que si elle continuait à être aussi craintive, et à pleurer pour rien, elle ne trouverait jamais de maître. Cependant, c'était plus fort qu'elle, une sorte d'instinct. Elle continuait à geindre doucement, les larmes roulant sur ses joues. Elle tentait vainement de réchauffer ses mains gelées en soufflant dessus. Elle se disait : "Tout ira bien...bientôt, quelqu'un viendra me chercher...qui sait? Peut-être ce sera Kurusu...".
Elle se l'était dit pendant plusieurs semaines. Malheureusement, personne n'était venu. Personne n'avait daigné la regarder. Elle se rappelait d'une des chansons favorites de Ku, et lentement, les paroles lui revinrent petit à petit...

"Fushigi no fushigi inochi no nai. Kigou to kibou kasanari awasete, iro to katachi ataerareta no wa, ao to kurenai yuganda kokoro. Mugen no mugen, watashi wa doko? Setsuna no setsuna mabuta wo tojite mo, yukue fumei shinjita kotoba wa, sora no ushiro e suterare kieta..."

D'après lui, cette chanson parlait d'une poupée qui en avait assez d'être contrôlée...elle se sentait comme la jeune fille de cette chanson. Contrôlée. Utilisée. Elle aura beau dire qu'elle ne sera jamais contrôlée, en tant que neko, la notion de liberté n'existait pas pour elle. Elle ferma les yeux, tentant d'oublier cette cage, et de s'évader vers un autre endroit. Devant elle, se profilaient des milliers d'horizons différents, tous radieux. Elle tendit la main...
Un bruit de cloche retentit. Ses oreilles se dressèrent. Un client? Elle se redressa, et regarda la silhouette qui se profilait au loin.

- Merde, il flotte et en plus j’ai plus de clopes…

Sakura pestait contre le mauvais temps, ça faisait trois jours qu’il pleuvait comme jamais et que Sakura restait confiné dans sa chambre après les cours et comme elle n’avait pas eu le courage de sortir, elle n’avait pas put s’acheter d’autres cigarettes vu qu’elle avait fini les siennes dans sa chambre en se morfondant. Profitant d’une brève accalmie, elle s’était décidée pour sortir de sa chambre, il n’y avait pas cours aujourd’hui…Et puis il s’était remis à pleuvoir, Sakura avait cru qu’elle allait hurler tout ce qu’elle pouvait tellement elle en avait marre…Elle s’était retenue, au milieu des passants qui se pressaient, sous leurs parapluie aux couleurs morne, ca pouvait mal passer…
Elle tourna au coin d’une rue et pénétra dans une boutique de parapluies justement, bien décidée à mettre un peu de couleur dans ce monde morne et dans ses journées vides. Elle en dénicha un tout mignon, très coloré…Elle le paya et sortit, le cœur un peu plus léger. Elle déambula un moment, sous son nouveau parapluie…Aux couleurs qui attiraient l’œil. D’ailleurs, elle aussi attirait l’œil. Jeune fille élancé, grande, avec des cheveux blonds avec quelques extensions, une chemise blanche avec un gilet de serveur par-dessus, un slim noir, des chaussures blanches a pois noirs et hauts talons…Sakura n’était pas tellement vêtue pour une sortie sous la pluie et commença vite à frissonner.

C’est alors que son œil fut attiré par une enseigne clignotant faiblement sous les grosses goûtes qui tombaient…C’était une animalerie…Et si elle achetait un neko ? Oui pourquoi pas après tout, tous ses amis en avaient un et elle n’en avait pas. Dans un moment de folie, elle poussa la porte du magasin, poussiéreux et pas très bien entretenu…Elle toussota, referma son parapluie arc-en-ciel et se dirigea vers le comptoir…Saluant le patron des lieux…Regardant vaguement les pauvres bêtes enchaînées…Une attira son attention en particulier…Une neko, plutôt jeun, aux yeux rouge et aux cheveux blancs neiges…Cette beauté singulière attira l’œil de Sakura qui contourna le comptoir derrière lequel était caché la cage et s’accroupit près de la jeune neko, elle lui faisait un peu de peine, elle était recroquevillée et serrait un petit objet dans ses mains. Elle avait l’air frigorifiée et affamée…Sakura tendit la main et murmura à la petite, pour lui montrer qu’elle était là d’une voix étrangement calme, Sakura dit :

- Hey, bonjour toi…

Lorsque la porte s'ouvrit, une bourrasque fit frissonner la petite neko. Avec le coup de vent, lui étaient parvenus des bruits de dehors...la liberté. Même les bruits de klaxon et les multiples insultes envers le temps semblaient pour elle être des bruits mélodieux. La personne qui venait d'entrer échangea quelque mots avec le vendeur, qui cependant, étaient inaudibles.
Kaguya n'osait plus bouger, effrayée comme à son habitude, terrifiée même, les genoux repliés contre elle-même, serrant encore plus fort son pendentif. Les bruits de pas s'intensifièrent...la personne venait vers elle? Elle s'accroupit près de sa cage et lui murmura d'une voix calme:

"Hey, bonjour toi..."

La jeune neko tourna la tête, tremblante de peur. Ses frissons, cependant, cessèrent aussi vit qu'ils étaient apparus. La jeune femme rentrée dans l'animalerie était sacrément jolie. Un joli visage, de longs cheveux d'une étrange couleur entre le châtain et le blond, et de grands yeux marrons, un doux sourire éclairant son visage. Elle était vêtue d'une chemise blanche avec un gilet de serveur par-dessus, un slim noir, des chaussures blanches a pois noirs et hauts talons. Les yeux de Kaguya brillaient, pour deux raisons : petit un, elle n'avait pas vu beaucoup de monde venir ici, et petit deux, cette fille était réellement bien foutue...
Kaguya se redressa complètement, regardant la jeune femme avec un regard vide. Elle ouvrit la bouche...puis se stoppa, et regarda si le gérant l'avait suivi ou non. Voyant qu'il n'y avait personne, elle se reprit.

"Qui..êtes-vous?"