And again [Pv] [Suite]

Traumatisé par quoi au juste? Il ne le savait pas vraiment, mais ce n’était pas l’esclavage des nekos. C’était cruel oui, il était bien contre, mais ça ne le traumatisait pas au point de ne pas aller dans un restaurant. Ce serait simplement stupide de sa part d’avoir aussi peur quand il était déjà allé. Non, pire que ça il y avait une personne. Ce qui le rassurait, c’était le ton employé pour sa demande. Ce n’était pas une question sérieuse, c’était soulageant. Souriant bêtement contre son torse, secouant la tête pour montrer que ce n’était pas ça le problème, il se demandait bien comment il pourrait avouer la source de son embêtement. Ça ne serait pas chose donnée et il ne savait pas si cela était en fait une bonne idée. Bien-sûr que c’en était pas une, son frère serait de nouveau mécontent, et le cercle vicieux recommencerait. C’était de loin ce que Victor craignait le plus qui arrive. Mauvaise idée. Mentir était une meilleure pensée? Non… Alors quoi? Contourné le sujet? Peut-être… Mais comment serait-ce possible?

Une fois sur ses pieds, il s’étira légèrement, subtilement pour ne pas empêcher les actions de son aîné et le regarda, regrettant son accessoire pour ses cheveux. Sa vision devint un tantinet floue lorsque des lunettes furent posées sur son nez. C’était à peine si ça faisait mal à ses yeux, mais bon. Qu’essayait-il de faire? Jouer? Ce n’était probablement pas cela, venant d’Isaac ce serait un peu méchant de le croire en train de s’amuser juste comme ça… Comme s’il serait attardé… Clairement pas le cas. Le regardant en croyant bien que c’était lui, qui d’autre? Et attendit qu’il ait fini de le manipuler et lâcha un petit soupir. Tout devint plus claire à l’instant qu’il répondit à sa question mentale. Se défiler? Ce n’était vraiment pas son intention. Souriant faiblement, il hocha la tête et puis ils quittèrent les lieux.

« Merci. »

Il ne comptait pas s’enfuir après tout, il ne voulait pas détaler et se retrouver devant la personne qu’il ne voulait pas voir. Ce serait seulement le sujet d’un nouveau problème et ayant quitté son ancienne ville pour une nouvelle vie, retombé dans ses mauvaises habitudes serait la pire chose à faire. Il voulait essayer d’avoir une infime partie de confiance venant de son frère et de pouvoir s’entendre un minimum. Alors le jeune homme restait près de l’autre, levant parfois les lunettes en subtilités pour ne pas se faire mal… Ce ne serait pas marrant pour lui. Il était content que pour une fois, son frère ne lui fasse pas de menace et n’était pas trop de mauvaise humeur. Une fois qu’ils furent rentrés, il retira rapidement les lunettes et fut bien heureux, la douleur se dissipait. N’ayant aucun besoin pour des lunettes, c’était pas un truc conseillé. Il ne voulait pas en avoir en permanence. Ensuite, il radoucit ses cheveux et secoua sa tête un peu, comme un chien mouillé… Il ne devait pas passer pour un imbécile juste un peu? Un peu. Chose pas très nouvelle.
Lui redonnant ses colliers, il prit place dans la cuisine et s’appuya au comptoir en pensant à ce qu’il pourrait faire.

« Tu veux manger quoi? »

Victor ne broncha pas lorsque son grand frère le déguisa, il prononça même une parole de remerciement. Comme ça, il n’était plus du tout lui, mais imaginant le visage de son frère le remerciant, il fit un petit sourire et posa sa main sur son épaule, un moment. Victor le remerciait pour des choses si insignifiantes, si mignon…Jamais il ne le remercierait des choix qu’il avait fait pour lui, des efforts qu’il faisait chaque jour pour lui, tout simplement parce qu’il ne le connaissait pas vraiment, qu’il ne connaissait pas tout ça, qu’ils ne se comprenaient pas. C’était triste quand même de penser que vous avez vécu presque vingt ans de votre vie avec une personne qui ne vous connais pas et que vous ne connaissez pas réellement. Isaac avait tout autant besoin de changement que Victor dans leurs relations, mais il ne savait pas vraiment comment faire pour que cela s’opère et que les deux y gagnent. Franchement…il n’était pas vraiment certain de ce qui conviendrait le mieux à Victor, il devrait lui demander, le dialogue facilite tout. Il y croyait dur comme du fer. En tout cas, il avait l’impression d’avoir déménagé pour rien, Victor ayant déjà peur de quelqu’un ici et ils avaient raté leur nouveau départ…Il faudrait surement qu’il se calme maintenant, et qu’il accepte le manque de réflexion avant d’agir de Victor, qu’il soit plus patient avec lui…Il pouvait y arriver, là Victor ne faisait plus de bêtises, son cœur était déjà plus léger, malgré le fait qu’il sache qu’il se sente menacé par il ne savait qui.

Alors qu’ils marchaient pour aller à la maison, faisant un véritable détour pour pouvoir éviter toute marche dans le centre-ville, Isaac l‘observait, un sourire imperceptible aux lèvres. Le pauvre quand même…les lunettes devaient le gêner, mais il devait tenir encore un peu s’il voulait faire tout le chemin déguisé, après tout, cela couvrait ses yeux particuliers et sa cicatrice, qui, quand même, le rendait très reconnaissable. Il marchait à ses côté en repensant à ce qu’il venait de se passer dans le cimetière et se surpris à penser qu’il aurait bien continué toute la journée s’il ne s’était pas mit à pleuvoir. De plus, Victor avait sa veste maintenant, et ses épaules à lui frissonnait au contact des goutes traversant sa mince chemise de lin, mais il s’en fichait, il savait qu’il n’allait pas attraper froid juste avec ça, rassurer son frère qu’il était protégé de ses démons était le plus important. Il accéléra le pas en voyant leur immeuble dans son champ de vision, la pluie battait plus fort et il n’avait pas vraiment envie de passer par la douche naturelle avant de rentrer.

Ils ne mirent pas plus de temps pour rentrer dans l’appartement et il du enlever ses lunettes de soleil qui obscurcissait sa vision encore plus qu’à l’extérieur. Il reprit ses verres transparents et récupéra ses affaires, regardant Victor s’en débarrasser avec un sourire tendre, il faisait très…enfant, comme ça. Comment voulez-vous qu’il accepte de le laisser partir après ? C’était peut-être un peu trop lui demander…
Il alla un moment changer de chemise, laissant Victor seul dans ses pensées et revint, vêtu de vêtements secs et propres, il rejoint son frère à la cuisine et l’entoura de ses bras, d’une poigne ferme, collant son corps contre son dos, un sourire en coin sur les lèvres. Il murmura dans son oreille.

« Mais c’est toi que je veux…voyons… »

Il le relâcha et s’écarta de lui, lui faisant un vrai sourire avant d’aller s’installer en face de lui, de l’autre côté du bar avec un des tabourets qu’ils avaient acheté, refaisant l’attache de ses cheveux pour éviter de les avoir dans les yeux. Il lui montra le placard intégré de la cuisine d’un signe de tête.

« Du riz au curry, ça te va ? Ça fait longtemps qu’on n’en a pas mangé je trouve… »

Puis, il adorait ça il fallait dire, le riz au curry. En fait, du curry il en mangerait avec n’importe quoi, c’était un des condiments qu’il préférait, même plus que le sel ! Il s’accouda une seconde au bar, puis partit brancher la chaîne hi-fi, à un faible volume, mais pour avoir une musique d’ambiance. Une compilation de reprises de chansons rock en musique acoustique qu’il avait gravée avant de partir et qu’il aimait bien écouter de temps en temps. Puis il revint devant son frère et le regarda travailler. Cela le fit sourire de se rendre compte que faire la cuisine était quelque chose qui lui allait vraiment bien…Des fois il se demandait s’il ne devrait pas reconsidérer vraiment son fantasme d’avoir son frère pour domestique au lieu d’aller bosser à la bibliothèque sûrement désertée à tel point qu’il la déserte aussi pour s’allonger dans un cimetière. Il se mordit la lèvre et descendit de son tabouret pour mettre la table sur la petite table du salon.

« …Dis-moi…Low, je ne te l’ai jamais demandé, mais…tu as peut-être un souhait de métier pour plus tard…Je pense que tu n’es pas obligé de bosser, tu peux continuer tes études…non ? Si tu me fais la cuisine et le ménage, je te paierais alors tu auras quand même de l’argent pour faire ce que tu veux…J’ai l’impression que ce job à la bibliothèque t’embête plus qu’autre chose… »