Lueur resplendissante.

Ne sachant toujours pas où aller depuis qu'elle était arrivée dans cet établissement, Jun poussa la porte qui se trouvait au fond du corridor, espérant déboucher au bureau administratif afin de savoir enfin où se trouvait sa chambre. À son grand désespoir la pièce qui apparut devant ses yeux n'avait rien d'un bureau administratif. Des dizaines de tables en bois de chaîne étaient alignées les unes aux autres au centre de la pièce où s'attablaient quelques élèves dévorants leurs livres ( qu'il s'agisse d'œuvres littéraires classiques où de simple BD's ) alors que d'autres, beaucoup plus agités, grognaient, soupiraient en frappant la table du poing, en quête d'inspiration, ne sachant quoi répondre aux devoirs qu'ils avaient à rendre. Au fond, derrière les tables, s'amassaient de grandes étagères anciennes remplies de livres en tout genre, regroupant les plus grands auteurs de tous les temps. Jun ne put s'empêcher d'y jeter un rapide coup d'œil et s'approcha du rayon " Littératures Françaises " où trônaient les célèbres romans de Balzac, Flaubert, Hugo, Diderot... Un sourire se dessina sur le visage de la jeune fille et, à l'instant où elle quitta ces couloirs bordés de livres, elle sut où elle passerait le plus clair de son temps. Elle continua alors son inspection et remarqua une quinzaine d'ordinateurs derniers cri, tous occupés par des adolescents qui semblaient captivés par autre chose... Le sol, en bois lui aussi, était recouvert de tapis anciens sur lesquels on osait à peine marcher, de peur d'abîmer ces antiquités.
Les murmures s'accentuant de plus en plus, elle décida d'aller voir ce qu'était la source de ces gloussements timides et de ces grognement enviant. Les regards la portèrent jusqu'à une table où était assit un jeune homme plongé dans sa lecture, ignorant les regards des autres.
Jun marcha jusqu'à lui, attirant ainsi les regards sur elle et faisant augmenter les murmures, qui devinrent vite des exclamations à haute voix.
Elle savait ce que les gens pouvaient se dire " Mais comment ose-t-elle l'approcher ! De quel droit ! Il faut vite faire quelque chose avant que... "
L'étudiante s'arrêta net devant le garçon, posa son sac contenant toujours ses affaires ( vêtements en particulier ) et le fixa en attendant une réaction de sa part. Comme elle s'y attendait, le jeune homme ne mit pas longtemps à lever les yeux vers elle et se mit à son tour à la fixer en attendant, certainement, qu'elle lui explique les raisons pour lesquelles elle osait l'importuner. Cependant, Jun ne pu s'empêcher de retenir son souffle en prenant conscience que les yeux verts émeraude du garçon s'étaient posés sur elle et qu'il la toisait ardemment dans le but de lui mettre la pression. Un rapide coup d'oeil lui aurait normalement suffit à savoir ce qu'il pensait, mais son visage restait neutre et ne laissait transparaître aucun sentiment. Elle se décida soudain à prendre la parole et lâcha rapidement, à bout de souffle :

" Je voulait simplement voir quel était la cause de tous ces murmures désagréables."

L'effort que la jeune fille avait dû fournir pour composer une phrase entière ( verbe, sujet, pronoms, etc... ) était flagrant et elle décida donc de reprendre sur un ton un peu plus plaisant qu'elle accompagna d'un clin d'œil furtif :

" On dirait que Monsieur est, ici, source de commérages...", elle abandonna son faux ton aristocratique, " En fait, je voulais juste te porter secoure et te sauver des griffes de ces furies mais apparemment elles n'ont pas l'air de te gêner... dis-moi ton secret. "

Sans y avoir été invitée, elle s'installa en face de lui.